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Lundi 1er mars 2004 : Près de 5 000 poids-lourds ont été bloqués ce week-end à la frontière avec la France, à cause des importantes chutes de neige qui ont entièrement paralysé la ville française de Saint-Jean-de-Luz et le poste frontière de Biriatou, fermé depuis vendredi midi. ** Une camionnette transportant plus de 500 kg d'explosifs a été interceptée dimanche au sud-est de Madrid. 2 personnes soupçonnées d'appartenir à l'ETA ont été arrêtées.

Vendredi 12 mars 2004 : Au moins 13 bombes placées dans des trains ont explosé simultanément jeudi matin à l'heure de pointe à Madrid faisant 190 morts et plus de 1 200 blessés selon un bilan provisoire qui risque encore de s'alourdir. Le ministre de l'Intérieur Angel Acebes a indiqué que l'organisation basque ETA demeurait "la principale piste de l'enquête". Arnoldo Otegi, le chef de la formation interdite basque Batasuna, considérée comme la branche politique d'ETA, a déclaré qu'il ne pensait pas que l'ETA soit à l'origine des explosions, évoquant plutôt des éléments de "la résistance arabe". Angel Acebes a annoncé en fin de journée jeudi qu'une camionnette avait été trouvée dans la ville d'Alcala de Henares près de Madrid avec des détonateurs ainsi qu'une cassette en langue arabe dans laquelle sont notamment lus des versets du Coran. Rappelons que l'Espagne a soutenu la guerre contre l'Irak et a envoyé des troupes dans ce pays. Selon les autorités espagnoles, les attentats attribués à l'ETA ont fait plus de 800 morts en 35 ans. C'est la première fois qu'un attentat aussi meurtrier est perpétré au sein de l'Union européenne. La communauté internationale toute entière a condamné cet attentat. Dans un communiqué envoyé par e-mail au quotidien Al Qods Al Arabi, les "Brigades Abou Hafs Al Masri-Al Qaïda" ont revendiqué jeudi soir les attentats commis à Madrid et celui commis mardi à Istanbul contre un bâtiment abritant une loge maçonnique qui avait fait 2 morts dont l'un des deux kamikases et 6 blessés. Prévus pour vendredi soir, les grands meetings de clôture de l'élection présidentielle qui se tient dimanche ont tous été annulés. Un deuil de trois jours a été décrété.

Samedi 13 mars 2004 : Au lendemain de l'attentat perpétré jeudi dans des trains à Madrid, et qui ont fait 199 morts et 1 400 blessés dont 59 sont dans un état critique, entre 1 à 2 millions de personnes sont descendues dans les rues de Madrid pour dire "non au terrorisme". Le premier ministre français, Jean-Pierre Raffarin, le président de la Commission européenne Romano Prodi, le président du conseil italien Silvio Berlusconi, le chef de la politique étrangère de l'Union européenne Javier Solana et le ministre allemand des Affaires étrangères Joschka Fischer ont défilé aux côtés du chef du gouvernement espagnol, José Maria Aznar. A midi tous les Espagnols ont observé 15 minutes de silence en mémoire des victimes des attentats. La présidence irlandaise de l'Union européenne a appelé tous les pays européens à observer lundi 3 minutes de silence. Arnaldo Otegi, chef du parti interdit Batasuna, a accusé le gouvernement de José Maria Aznar de "mensonge" : "Le gouvernement espagnol ment délibérément. Délibérément. Et probablement à cause des élections de dimanche." ** "L'escadron de la mort (des Brigades Abou Hafs al-Masri) a réussi à pénétrer au coeur des croisés européens et à infliger un coup douloureux à l'un des piliers de l'alliance croisée, l'Espagne", affirme un texte signé des "Brigades Abou Hafs al-Masri-Al-Qaïda" transmis au quotidien Al-Qods al-Arabi de Londres. Une attaque qui "fait partie du règlement d'un vieux compte avec l'Espagne croisée, l'alliée de l'Amérique dans la guerre contre l'islam". Un communiqué attribué à Al-Qaïda confirme que "dans une autre opération (perpétrée par 2 kamikazes) l'escadron des Jund Al-Quds (les soldats de Jérusalem) ont frappé le temple juif maçonnique à Istanbul, le principal temple maçonnique" en Turquie et "Si trois francs-maçons ont été tués dans l'opération, c'est dû à une erreur technique. Tous auraient dû être tués". Enfin Al-Qaïda menace de mener des attaques contre des cibles américaines au Yémen afin de donner une leçon au gouvernement collaborateur et apostat (du président yéménite Ali Abdallah Saleh), en deuxième place après le (président pakistanais Pervez) Musharraf". Le 18 octobre 2003, la chaîne Al-Jazeera avait diffusé un enregistrement sonore d'Oussama ben Laden dans lequel il menaçait de mener de nouveaux attentats contre les Etats-Unis et des représailles contre les pays qui avaient participé à la guerre en Irak, en particulier "la Grande-Bretagne, l'Espagne, l'Australie, la Pologne, le Japon et l'Italie".

Lundi 15 mars 2004 : Selon le quotidien El Pais, dans son édition de samedi, la ministre des Affaires étrangères, Ana Palacio, a demandé, dans une note à ses ambassadeurs, dans les heures qui ont suivi les attentats de Madrid, d'imputer le carnage à l'organisation séparatiste basque ETA en ces termes : "Vous devez saisir chaque occasion pour confirmer la responsabilité de l'ETA dans ces attentats brutaux, ce qui nous aidera à dissiper le genre de doute que certaines parties intéressées chercheraient à répandre" citant à l'appui des propos tenus dans la journée par son collègue de l'Intérieur, Angel Acebes qui avait déclaré : "Les forces de sécurité de l'Etat n'ont aucun doute sur le fait que le responsable de cet attentat est l'organisation terroriste ETA". Sur l'implication d'Al Qaïda, il avait parlé "d'intoxication" la jugeant "intolérable". ** Après les attentats de jeudi qui ont frappé Madrid faisant 200 morts et 1 411 blessés (266 toujours hospitalisés et 27 dans un état critique), 5 personnes ont été arrêtées : 3 Marocains et 2 Espagnols d'origine indienne "pour implication présumée dans la vente et la falsification du téléphone portable et de la carte (du téléphone portable) qui ont été trouvés dans le sac qui n'a pas explosé", selon les autorités espagnoles. 800 personnes ont assisté à une messe célébrée dans un gymnase d'Alcala de Henares en mémoire aux victimes. Environ 5 000 personnes ont manifesté samedi devant le quartier général du Parti populaire à Madrid en début de soirée, accusant le gouvernement de "ne pas dire la vérité sur les attentats" avec des slogans tels que "Aznar, à cause de toi, nous payons tous" (NDLR. implication de l'Espagne dans la guerre en Irak non voulue par le peuple espagnol) ou "nous voulons la vérité avant d'aller voter". Au Pays Basque espagnol 8 000 personnes ont manifesté devant un bâtiment gouvernemental. Le candidat du Parti Populaire (PP, droite), Mariano Rajoy, a exigé samedi soir que cessent toutes les manifestations en cours et prévues autour des sièges de son parti, les qualifiant de "faits graves et antidémocratiques". ** Le ministre de l'Intérieur Angel Acebes a indiqué que l'attentat a été revendiqué par une cassette vidéo retrouvée entre la mosquée de Madrid et la morgue "au nom du porte-parole militaire d'Al-Qaïda en Europe en réponse à votre collaboration avec les criminels Bush et ses alliés. C'est en réponse aux crimes que vous avez commis dans le monde et concrétement en Irak et en Afghanistan et il y en aura davantage si Dieu le veut". Il a ajouté que l'authenticité de la cassette n'a pu pour l'instant être vérifiée. ** Le Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE) s'est déclaré vainqueur des élections législatives de dimanche avec 43,13 % des voix contre 37,09 % des suffrages exprimés au Parti Populaire (PP, droite, au pouvoir) selon des résultats partiels obtenant 165 sièges au parlement contre 146 pour le Parti Populaire.

Mardi 16 mars 2004 : Le Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE) a remporté les élections législatives de dimanche avec 42,64 % et 164 sièges au Parlement (39 de plus qu'en 2000) contre 37,64 au Parti Populaire. Le taux de participation a atteint 77,21 % contre 69,98 % en 2000. L'avocat José Luis Rodriguez Zapatero, 43 ans, chef du PSOE depuis juillet 2000, deviendra le futur chef du gouvernement. Il sera investi dans ses fonctions le 11 avril 2004. Il s'est engagé à rapatrier les 1 300 soldats espagnols basés en Irak quand leur mission s'achèvera le 30 juin 2004 sauf "si un élément nouveau intervient". Il a également précisé que "l'Europe va être le cadre naturel de ma politique extérieure. Mon intention est de retrouver la confiance avec tous les pays dont la France et l'Allemagne". Il a annoncé également que son gouvernement sera "monocolore où dominera le dialogue". ** Le Comité d'Entreprise de l'agence publique de presse espagnole EFE a demandé lundi à l'unanimité la destitution immédiate du directeur de l'Information Miguel Platon, en poste depuis 1997, pour avoir "imposé ces derniers jours un régime de manipulation et de censure préalable dans cette entreprise publique pour favoriser les intérêts du Parti Populaire aux élections du 14 mars". Dans son communiqué, le Comité d'Entreprise indique que "dès l'attentat, le président d'EFE, Miguel Angel Gozalo et son directeur de l'Information, Miguel Platon, ont ordonné la censure préalable de toute information en relation avec l'enquête policière" ajoutant que "la diffusion des informations obtenues des sources propres des rédacteurs du service national et désignant le terrorisme radical islamiste ont été expressément interdites". Et de conclure : "Sa présence dans l'agence, après ses dernières vilenies, est une insulte pour le millier d'employés d'EFE, pour les milliers de clients (...) et pour tous les citoyens qui ont le droit à recevoir une information exacte, selon le mandat constitutionnel".

Mercredi 17 mars 2004 : Les autorités ont annoncé mardi que des funérailles nationales en hommage aux victimes de l'attentat qui a touché jeudi Madrid auront lieu à la Cathédrale de Madrid le 24 mars 2004. Le dernier bilan fait état de 201 morts. Sur les 1 400 blessés, 200 sont encore hospitalisés et une dizaine sont dans un état grave. Selon le ministre de l'Intérieur Angel Acebes, "l'enquête s'oriente vers la piste du terrorisme international". Selon le quotidien "El Pais", 6 poseurs de bombe auraient été identifiés.

Jeudi 18 mars 2004 : Jose Luis Zapatero, le futur premier ministre après la victoire du PSOE aux élections législatives de dimanche, a annoncé un changement de politique au sujet de la question basque et "voulait dialoguer avec les nationalistes". José-Maria Aznar avait rompu le dialogue en 2001 avec le président basque Juan Jose Ibarretxe déclarant : "J'ai la perception que nous pouvons faire beaucoup pour obtenir la fin de la violence et bien sûr il faut qu'il y ait du dialogue, de l'intelligence et du bon sens". Jose Luis Zapatero s'est toutefois dit opposé à l'indépendance du Pays Basque.

Vendredi 19 mars 2004 : 5 personnes soupçonnées d'être impliquées dans les attentats de Madrid perpétrés la semaine dernière qui ont fait 201 morts et plus de 1 400 blessés, ont comparu jeudi devant un juge qui décidera de leur inculpation ou de leur remise en liberté à l'issue de leur garde à vue. 4 nouveaux suspects ont été arrêtés jeudi par la police. L'un d'entre eux pourrait être un des poseurs de bombe. Il était recherché par les autorités marocaines dans le cadre de l'enquête sur les attentats de Casablanca commis en mai 2003. ** Dans une interview à la télévision "Telecinco", le futur premier ministre José Luis Rodriguez Zapatero a annoncé jeudi que "le prochain gouvernement socialiste espagnol légaliserait les unions entre homosexuels. "Nous allons soumettre un projet de loi mettant les unions entre homosexuels sur le même plan que les mariages".

Samedi 20 mars 2004 : Un juge a ordonné le maintien en détention des 5 suspects (2 Indiens et 5 Marocains) arrêtés 48 heures après les attentats de Madrid à l'issue de leur garde-à-vue. Selon une source proche des autorités judiciaires, les 3 Marocains ont été mis en examen à titre provisoire pour appartenance à une organisation armée responsable d'au moins 190 assassinats et 1 400 tentatives d'assassinat et les 2 Indiens pour complicité avec une organisation armée. Cette inculpation provisoire permet aux autorités de garder en détention ces 5 personnes pendant 2 ans, période qui peut être renouvelée pendant encore 2 ans supplémentaires.

Lundi 22 mars 2004 : 60 000 personnes ont manifesté à Madrid, 150 à 200 000 à Barcelone pour protester contre la guerre en Irak. Le futur premier ministre Jose Luis Zapatero a qualifié "d'erreur" la guerre en Irak et l'occupation de "désastre" appelant à un "changement radical de stratégie" et une intervention de l'ONU dans ce pays sinon "les troupes espagnoles seraient rapatriées". ** Les chefs des services de renseignements des pays du G5 (France, Royaume Uni, Allemagne, Italie et Espagne) entament lundi à Madrid une réunion visant à améliorer leur collaboration dans la lutte anti-terroriste.

Mercredi 24 mars 2004 : Le ministère de l'Intérieur a communiqué les chiffres officiels des victimes de l'attentat de Madrid perpétré le 11 mars 2004 portés à 190 au lieu de 202. 1 900 personnes ont été également blessées dont 145 sont toujours hospitalisées. Selon le ministère, des victimes auraient été enregistrées plusieurs fois. 13 suspects ont été arrêtés et sont actuellement détenus dans le cadre de l'enquête. 4 suspects interpellés ce week end devraient être entendus par le juge Juan Del Olmo chargé de l'enquête. ** Des funérailles nationales se tiendront mercredi dans la cathédrale de Madrid en hommage aux victimes en présence de nombreux chefs d'état et de gouvernement.

Jeudi 25 mars 2004 : Alors que des funérailles nationales étaient rendues aux victimes des attentats de Madrid, 2 nouveaux suspects de nationalité marocaine, un homme et une femme, ont été inculpés mercredi par le juge Del Olmo en charge de l'affaire. 11 personnes ont déjà été inculpées, 5 sont accusés de meurtre de masse et d'appartenance à un groupe terroriste, et 6 sont inculpés pour collaboration.

Samedi 27 mars 2004 : Un 21ème suspect a été arrêté vendredi dans le cadre de l'enquête sur les attentats de Madrid qui ont fait 190 morts et 1 920 blessés. Son identité et sa nationalité n'ont pas été révélées par la police.

Mardi 30 mars 2004 : Le vol d'un avion qui devait transporter de Saragosse un premier contingent de 160 soldats espagnols devant remplacer des soldats basés à Diwanyah en Irak sous commandement polonais, a été ajourné "pour des raisons techniques" selon le gouvernement espagnol.

Mercredi 31 mars 2004 : La police a annoncé avoir identifié 10 des auteurs des attentats de Madrid. 4 ont été arrêtés, les 6 autres sont en fuite. ** Le vol d'un avion transportant un premier contingent de 160 soldats espagnols devant remplacer des soldats basés à Diwanyah en Irak ajourné "pour des raisons techniques" est finalement parti pour le Koweit après que le chef du gouvernement sortant, José-Maria Aznar, ait obtenu par écrit du futur premier ministre, José Luis Zapatero, qu'il ne s'opposait pas à ce que les troupes espagnoles déployées en Irak soient relevées. ** Dans un article publié dans le quotidien "The Wall Street Journal - Europe", le futur ministre des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos a expliqué que "la guerre d'Irak n'a pas contribué à atteindre les objectifs de la lutte contre le terrorisme. Le monde est moins sûr aujourd'hui qu'il y a un an et nous avons atteint un stade où nous devons tous réfléchir et adopter une nouvelle stratégie pour combattre la plaie du terrorisme".





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